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Les Chroniques de Mélanie
27 janvier 2007

« Les journalistes sont des chieurs »

Le journaiste Sampiero Sanguinetti, PHOTO FRANCE 3
SSLes étudiants en journalisme de l’IUT de Cannes reçoivent vendredi 25 janvier, le journaliste Sampiero Sanguinetti.
Sous ses moustaches et derrière ses lunettes rondes se cache le directeur de l’antenne locale de France 3 Méditerranée et responsable de l’antenne Corse. A première vue, ce quinquagénaire à l’allure d’un grand père sympathique n’a rien de redoutable. « Quand on fait le métier de journaliste dans une zone en crise comme la Corse, on fait des mécontents », affirme-t-il.
Il commence sa carrière en 1973 à Marseille et à la radio en Corse. Au début des années quatre-vingt, il participe à la création du JT Corse. « Trop sulfureux », il est écarté de l’antenne au bout de trois ans et rentre à France 3 Marseille. Le syndicat de la chaîne le sollicite pour enquêter sur les salaires de ses journalistes. Il découvre que « les femmes, les JRI et les journalistes régionaux sont sous payés » par rapport aux journalistes-rédacteurs installés dans la capitale. Une polémique qui le conduit à quitter France 3, trois ans plus tard pour aller sur la Raï.
A Palerme (Sicile), il monte un magazine hebdomadaire pour la chaîne italienne. En 2001, la Direction générale de France 3 lui demande de revenir en Corse pour réaliser son projet, Via Stella : une télévision corse par satellite.
La Corse est « une zone en crise »
Face aux étudiants, Sampiero Sanguinetti évoque avec véhémence ces incidents de parcours en Corse. L’île est un terrain miné pour les journalistes originaires du continent. Pour couvrir l’actualité, mieux vaut bien connaître la zone : « c’est une zone à risque. On peut faire des conneries énormes si on ignore où on met les pieds », indique le quinquagénaire. L’homme est un habitué des arrestations, il est inculpé trente-sept fois au cours de sa carrière et expulsé « deux fois de Corse dans des conditions rocambolesques » entre les mains des autorités judiciaires. Quand il travaille pour le journal télévisé Corse, il exerce son métier difficilement. Son esprit critique dérange. Il dénonce en 1986, la fraude électorale d’Emile Zuccarelli, le député de la ville de Bastia qui a fait disparaître une soixantaine de fausses procurations. Lorsque le journaliste parle des attentats du FLNC, l’audiovisuel devient la cible des hommes politiques et de quelques indépendantistes.
Plusieurs fois insulté et menacé par des habitants, cette forte tête assume tout ce qu’il fait. « Quand on vous menace, il faut le faire savoir. C’est une règle », lance-t-il fermement.
L’an dernier, il réalise et diffuse un documentaire de cinquante-deux minutes qui révèle les conséquences de Tchernobyl sur l’Ile de Beauté. L’homme est accusé d’affoler la population : « j’ai subi des pressions très violentes de la part du Préfet. La presse m’a traité de charognard. Le travail est difficile en Corse car il y a cette proximité entre les familles et les rumeurs sont courantes dans les villages. Le travail du journaliste est de démonter ces rumeurs». 

Ces mésaventures ne l’empêchent pas de poursuivre la création d’une télévision satellite sur l’île qui touchera « les 250 000 habitants, les Corses sur le continent (à Marseille, Nice et Paris) et les deux millions de vacanciers annuels ». Sous les pressions et les menaces, il garantit que son projet verra le jour d’ici six mois. Une aubaine pour Sampiero Sanguinetti, corse de cœur et d’origine.
Avant de rendre le micro, le journaliste rappelle une dernière fois que « la liberté de la presse se conquiert tous les matins ». Pour les apprentis journalistes de l’IUT de Cannes, cette phrase revêt une signification particulière.

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