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Les Chroniques de Mélanie
6 décembre 2006

Le coming out asexuel

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Après la révolution homosexuelle  une nouvelle communauté émerge peu à peu, en marge de la société : les «A».

Ils sont hétéro, homo ou bisexuels et ils revendiquent l'absence de rapport charnel. Ils récusent toute idée de sacré, de virginité, ainsi que de supériorité affichée que l'on retrouve chez les abstinents. Ils n’ont pas de désir. Voici comment se définissent les asexuels, aux profils très divers. Le débat est vif. S’agit-il d’une orientation sexuelle ou refoulent-ils leurs pulsions ? Les témoignages de personnes qui s'estiment asexuelles sont assez rares. La plupart se regroupent dans les forums sur Internet. Françoise, quarante-huit ans, dit n'avoir jamais eu de rapport intime. Elle vit avec un homme depuis dix sept ans, lui-même asexuel. Elle ne connaît pas de désir et n’a aucune pratique masturbatoire. Nathalie est homoasexuelle. Elle vit en couple avec sa compagne depuis deux ans et n'a « pas envie de sexe ». Elle a parfois des rapports sexuels, juste « pour faire plaisir » à sa partenaire. Selon Patrick Groult, psychiatre à Cannes, l'absence de désir chez l'être humain n'existe pas. « L'homme a un instinct de reproduction comme la femme. Notre libido est inconsciente.  Avoir des enfants, fonder une famille  est aussi une reproduction de ce que le monde est. L'asexuel se positionne du côté du trouble. (…) L'inhibition du désir est pathologique. Il y a cette correspondance au corps de l'autre quand on est asexuel. L'autre a un corps qu'on ne va pas toucher et on ne va pas se faire toucher par l'autre. C'est du narcissisme car le fait d'être touché par l'autre peut être ressenti comme une agression. »

Un seul mot d'ordre : le rassemblement

Le cercle des asexuels s'agrandit des Etats-Unis aux Pays-Bas pour arriver depuis peu en France. Ce phénomène n'est pas nouveau, précise le psychiatre car «  l'asexualité a toujours existé chez l'être humain. (…)  Dans la psychanalyse, on va la trouver chez les hystériques ». Une étude britannique menée par un magazine en 2004 sur un échantillon de 1800 personnes assure que les sans-sexe seraient nombreux : 1% des personnes sondées déclarent n'avoir « jamais éprouvé d'attraction sexuelle pour qui que ce soit ». C'est dans l'optique de faire connaître les asexuels et de les sortir de leur isolement que l'association AVEN ( Asexual Visibility and Education Network ) a été fondée en 2002.

Le site Internet - à l'initiative de l'américain David Jay - regroupe presque 10 000 personnes à travers le monde. Le jeune homme de 23 ans est également le porte-parole de ce groupe. Dans un entretien en Août 2006 pour le journal Libération, il explique l'origine de son asexualité : « J'avais treize ou quatorze ans. Quand d’autres m'ont fait comprendre qu'ils désiraient quelque chose de moi, j'ai compris que j'étais différent. Cela m'a pris du temps d'accepter l'idée que l'asexualité était une possibilité. Les gays, dès l'enfance, savent que l'homosexualité existe. Mais personne, même au lycée, n'a entendu parler d'asexualité. Au début, je ne voulais en parler à personne. Puis j'ai réalisé que ce n'était pas un "problème". (…) Vers dix-huit ans, j'ai décidé de faire mon coming-out. A l'université, j'ai créé une communauté à travers le site. On a forgé le mot asexualité (…). Dans une société où la sexualité est si importante, il est très difficile pour les gens comme nous de trouver notre place ».

Un malaise social ?

Aujourd'hui le sexe n'est plus tabou : il s'immisce tout naturellement dans les conversations. Notre quotidien est assailli par un flot d'images plus ou moins suggestives. La sexualité est médiatisée au point d'en faire un objet de consommation à l'image de certaines campagnes publicitaires qui ont parfois fait scandale. La multitude de photos pornographiques facilement accessibles sur Internet, l'explosion du marché des sex toys témoignent qu'à notre époque, chacun veut vivre sa sexualité comme il (elle) l'entend. La notion de performance sexuelle est telle qu'elle peut engendrer la peur du passage à l'acte. Patrick Groult pense que l'asexualité est « symptomatique d'une crise identitaire qui passe par la revendication d'une différence ». Un avis que ne partagent pas les principaux concernés qui souhaitent simplement se faire une place dans la société.

MC

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